Mïlamber

Les rires s’élevaient au-dessus du feu de camp. Mïlamber n’y participait pas. Il était mort depuis assez longtemps pour savoir que ses deux compagnons se forçaient. Le rire, comme la plupart des émotions humaines sont des réactions dépendant de plein de choses. Plein de choses biologiques que l’on ne possède plus quant on est déjà mort une fois.

« Tu ne trouves pas ça drôle Mïlamber ? demanda la prêtresse. »
« De quoi parlez-vous ? »
« De ce qu’à dit le prêtre du village humain qu’on a rasé avant-hier. C’était vraiment pathétique. A en mourir de rire ! » intervint la voleuse.


Mïlamber ne réagit pas à l’évocation de ce fait pourtant si comique.

« Tu ne t’en souviens pas ? demanda la prêtresse »
« On dirait que tu ne possèdes pas une bonne mémoire » ricana la voleuse.

« Elles sont mortes depuis trop peu de temps » pensa pour lui-même Mïlamber. La mémoire. Une notion bien futile en vérité. Mïlamber était mort depuis bien longtemps, et depuis qu’il s’était éveillé pour la seconde fois à la vie, il vivait une sorte de redondance. Il avait beaucoup voyagé. Ne pas ressentir la fatigue aidait d’ailleurs beaucoup. Et au final, ou qu’il aille, les choses se passait toujours de la même façon. Eradication des vivants. Ils n’avaient pas toujours la même couleur, la même taille ou les mêmes formes. Pourquoi retenir ce que disait l’une de ses victimes ? Le nombre de celle-ci augmentait presque de manière quotidienne. Cela faisait plus de 80 ans qu’il était mort. Il avait arrêté de compter et de se souvenir depuis longtemps.

« On en arriverait à se demander si tu te souviens de ton nom ! relanca la prêtresse.
« Sais-tu seulement de quoi tu parles Fimis ? Et toi Naliah ? Vous parlez comme si vous étiez toutes les deux encore vivantes. »

L’ambiance sembla se refroidir autour du feu. Une autre extravagance des deux mortes. Mïlamber ne comprenait pas pourquoi elles avaient absolument faire un feu. Elles s’étaient assises à coté comme pour se réchauffer. Sauf qu’elles n’avaient plus rien à réchauffer. Mïlamber le savait pour avoir déjà plonger son bras dans une rivière de lave pour en sortir un bijou. Mort, on ne ressent plus la chaleur. Il n’avait d’ailleurs plus grand-chose a réchauffer. Un morceau de chair putride au pied droit, un peu au niveau des épaules, et trois ou quatre bouts qui n’avaient pas voulu lâcher prise entre ses genoux et ses côtés.

Fimis arracha un bout de chair sur le bras du cadavre qui gisait prêt du feu. Elle le mâcha doucement en regardant Mïlamber fixement. Se fut Naliah qui parla la première pourtant.

« Tu n’as pas à nous traiter comme des subalternes car tu es de nouveau vivant depuis plus longtemps que nous. »
« Elle n’a pas tort. Le chef la déjà dit. Nous sommes tous égaux » rajouta Fimis.

Mïlamber tourna son crâne vers le ciel. Il en avait assez de retomber sur les mêmes questions et sujets de discutions depuis le départ de ce groupe. Il regarda le ciel. On voyait bien les étoiles cette nuit. Il n’appréciait pas ça. Une pleine lune par une nuit sans nuage, c’était une nuit d’inactivité. Trop visible, même un humain avec sa vision pathétique aurait pu els voir approcher. Son attitude ne sembla pas plaire à la voleuse.
« Et ne nous prends de haut ainsi. Beaucoup de mages sont mort de s’être cru trop puissant et supérieur aux autres. » dit Naliah
« Sont-ils seulement mort depuis aussi longtemps que moi ? Si oui, ils ne doivent pas se prélasser devant un feu qu’ils ne peuvent sentir pour discuter de sujet……. purement humains »
« Tu nous insultes ? Comment oses-tu ? Tu vas le payer ! »

La voleuse avait déjà attrapé ses armes quant elle fut arrêté par une voix sortant des bois proches. Un prêtre sortit des fourrés.

« Vous allez arrêter de vous battre à chaque fois que l’on doit se poser quelques temps ? » demanda le nouvel arrivant.
« Mais Azhokl, c’est lui qui nous a insulté et…. »
« Je ne veux pas savoir. Je ne vais pas vous dire de vous reposer, mais éteignez moi ce feu. »
« Mais on ne va plus rien y voir ! En plus on va avoir froid. » reprit la prêtresse.

Le prêtre s’immobilisa. Il se retourna lentement.

« Premièrement, le nuit est claire. Trop claire pour que l’on puisse agir. On y verra donc largement assez pour faire ce que l’on doit faire, à savoir se cacher en attendant un moment plus propice. Deuxièmement, vous êtes morte depuis assez longtemps pour ne plus sentir la chaleur. Le froid ne va pas vous tuer déjà plus que vous ne l’êtes. »

Le froid.

« Mais, .. »
« Comme tu l’as dit, il y a peu, je suis le chef » coupa Azhokl. « Eteignez le feu. »

Fimis éteignit le feu de mauvaise grâce.

Le froid. L’esprit de Mïlamber était resté encore encré par ce mot. Il se rappelait du froid. Si sa seconde vie n’avait rien de passionnant à retenir, il se souvenait encore du temps ou il avait réellement besoin d’un feu pour ne pas mourir de froid. Le froid. Sa vie, sa mort, sa nouvelle vie, tout semblait tourner autour du froid.

« Et essayez de vous calmer. On ne devrait pas tarder à rejoindre le reste du rassemblement que nous avons décidé de rejoindre. Et d’après ce que m’avait dit l’orc qui conduisait el détachement de sa race, le chef de cette Horde abyssale prendrait même parfois la liberté de venir espionner les recrues. »

Le froid. Il se souvenait encore de sa jeunesse dans les montagnes d’Arathi. Il avait cru y vivre les années les plus froides de sa vie. Puis l avait été recruté comme apprenti par un mage de passage, et avait pu regagner Dalaran avec son mentor.

« Et alors ? Qu’est-ce que l’on risque. Il ne va pas pouvoir nous faire plus de mal qu’on nous en a fait. » dit la voleuse.

Le froid. Là-bas, il avait découvert au fur et à mesure de sa progression dans la maîtrise des arcanes une autre forme de froid. Le froid intérieur des gens qui ne pensent qu’à grimper plus haut que le voisin dans la hiérarchie et la puissance. Puis ils se souvenaient de la disparition de Kel’Thuzad dans le nord. A ce moment, son maître était en phase de prendre encore plus de poids dans la hiérarchie du Kirin Thor. Et lorsque l’on dû choisir une personne pour chercher les raisons de la disparition du magicien corrompu, cela tomba sur son maître. Il l’avait alors accompagné là-bas.

« Je ne fanfaronnerais pas à ta place. Il existe encore bien des moyens de torturer un corps déjà mort. Et je ne parle même pas de l’âme ou de ton esprit, appelles ça comme tu veux » reprit le prêtre.

Le froid. Le froid mordant des terres dévastées du nord. Ils avaient voyagé pendant des jours et des jours avant d’atteindre le premier village humain depuis leur accostage. La moitié des animaux de bats étaient mort en chemin, il y avait aussi eu quelques pertes humaines. Mïlamber avait du vivre cela à cause de pontes du Kirin Thor voulant évincer son maître de la course à la promotion. Tout cela pour trouver un village à moitié vide, dans un état lamentable et apparemment attaqué par un ennemi jamais vu auparavant.

« A t’écouter parler, on a l’impression que tu nous parles d’un démon. Pas de quelqu’un qui voudrait se battre contre. » avança la voleuse.

Le froid. Le froid de la longue griffe qui l’avait transpercé comme une feuille de papier. Il n’avait jamais vu de monstruosité pareille. De grandes silhouettes semblables à des araignées les avaient attaqués quelques heures seulement après que l’expédition ait quitté le village. Malgré l’absence étonnante de blizzard ce jour là, ils ne les avaient pas vu approcher. Elles avaient surgi de terre d’un seul coup. Il avait eu de plus en plus froid tandis que sa vision se troublait et qu’il entrapercevait le reste de ses compagnons d’infortune se faire décimer.
Le froid. Le froid qui semblait ne jamais se stabiliser dans les sombres cachots ou il s’était réveillé. Bien que les murs soient de pierre, il avait l’impression d’être enfermé dans un bloc de glace. Il avait vu défilé devant lui des araignées semblables à celle de l’attaque, mais aussi des choses bine plus horribles, comme des monstres composés de cadavres recousus, et pire, des anciens membres de l’expédition. Il ne sût jamais si Kel’Thuzal était encore en vie, mais en tout cas les expériences qu’il avait mené se poursuivaient.

« Oui, je croyais que nous nous préparions à l’éventualité de combattre en Outremonde contre els démons. Pas de travailler avec eux. » appuya la prêtresse.

Le froid. Le froid qu’il senti en lui en ouvrant de nouveau les yeux. Il était mort, il ne savait plus vraiment comment. Il se souvenait d’avoir été emmené dans une salle remplie de grands bocaux contenant des substances étranges. Il avait passé de nombreuses heures sanglé sur une table, subissant diverses opérations plutôt douloureuses et recevant l’injection de nombreux liquides verdâtres. Il ne savait pas vraiment de quoi il était mort, il savait juste où. Et sur le coup, il fut impressionné du froid qu’il ressenti dans son être. Il n’avait plus de problème, de doute, tout était clair pour lui à ce moment.

« Ne dites pas n’importe quoi ! Il pourrait vous entendre. Disons que vous voyez ce qu’est la Nature ? Ben lui c’est sûrement une des choses les plus méchantes qui existent dans al nature. » reprit Azhokl. Il regarda autour d’eux les bois comme si il redoutait d’y voir apparaître quelqu’un ou quelque chose.

Le froid. Le froid qu’il ressenti peut de temps après son nouvel éveil, quant il sentit une volonté puissante prendre le contrôle de ce qu’il restait de lui. Cela dura plus de 60 ans. Jusqu’à ce qu’une banshee le libère de cette prison près des ruines d’une ancienne capitale humaine.

« Comme si j’allais avoir peur d’un illuminé défendant les petits fleurs et les oiseaux. » dit Naliah.

Le froid. Celui qu’il a choisit de maîtriser complètement lorsqu’il s’est de nouveau tourner vers les études de la magie. Il aimait le froid. Il y rapprochait la sensation que son âme ressentait en permanence. Il ne pouvait sentir la chaleur, mais il avait parfois l’impression de ressentir le froid.

« C’est pas vraiment ce genre de personne. Lui il est plus ‘griffes et crocs’ que ‘petits fleurs’. Puis il n’est pas vraiment partisan des mort-vivants. Donc si on pouvait éviter les impairs. »

Le froid. Celui qu’il s’était juré de faire pleuvoir sur tous les mages du Kirin Thor. La perte de tout son côté biologique l’avait privé des sensations et émotions tel que l’amour, la joie ou la peine. Mais la vengeance est un ressentiment purement spirituel. Il ne lui restait que ça et il s’était appliqué à l’entretenir aussi souvent que possible.

« Allez, maintenant on se tait. Naliah, passe devant, on va essayer de trouver une grotte ou un coin sombre pour se cacher en début de journée »

Mïlamber sortit enfin de ses pensées. Quelques instants, son attention fut attirer par deux étoiles jaunes. Dorées même. On les aurait cru poser au sommet d’un arbre plutôt que loin dans le firmament. Naliah surpris son regard, et dans le doute lança un couteau vers la possible cible. On l’entendit se planter dans le bois sans que les deux étoiles jaunes ne bougent. Mïlamber se dit que la voleuse était trop rapide à la détente et que cela leur causerait de sproblèmes avant longtemps.

Le groupe se mit en route. Il leur fallut quelques heures pour trouver une petite grotte ou se cacher. Azhokl décida de passer le temps ici. Naliah et Fimis protestèrent que l’endroit sentait le fauve. Sûrement la tanière d’une quelconque bête de la région. Azhokl ne tint pas compte de l’argument. Comme Mïlamber, il était mort depuis assez longtemps pour ne plus être gêné par les odeurs.

Le groupe se posa à même le sol, tout le monde assis dans une position différente. Il n’avait pas besoin de dormir. Se reposer était presque inutile. En fait, il était juste en train de détendre leur esprit pour pouvoir rester concentrer quant le besoin s’en ferait sentir. Chacun occupait ces temps mort de façons différentes. La voleuse entretenait mécaniquement ses armes, la force de l’habitude. Fimis récitait des prières qui s’adressaient à une divinité qui ne voudrait pas d’elle si elle voyait son état actuel. Cela lui passerait. Souvent, les mort-vivants récents avaient du mal à bien assimiler leurs changements de statut. Azhokl semblait fixer un bout de mur. Dans les moments tel que celui là il ressemblait plus vrai que nature à un cadavre mort pour de bon. Mïlamber lui se contentait de plonger son esprit dans de profondes réflexions concernant le froid et la façon de le manipuler.

Puis il le sentit. Pas avec son nez, avec son être. Il y avait dans la caverne un esprit en colère, prêt à tuer. Il regarda Azhokl. Ce dernier s’était relevé. Il avait du le sentir aussi. Il interrompit les deux mortes en leur demandant de se tenir prête à tout. Puis Mïlamber le sentit. Derrière lui, proche de Naliah. Comme si une chose moins froide que el reste de la caverne se situait là. Il se retourna. Et vit apparaître deux petits ronds dorés juste derrière Naliah. Celle-ci reçu un violent coup qui la projeta par terre quelques mètres en avant. Les yeux, car il était maintenant sur qu’il s’agissait de cela se tournèrent vers lui. C’était si étrange de pouvoir les voir dans cette caverne obscure. Puis une voix grave et puissante s’éleva. Ou plutôt elle donna le sentiment de remplir la caverne intégralement.

« Et voila, c’est toujours pareil. Chaque fois que je viens donner un coup d’oeil, il faut qu’un voleur tente de me taillader une partie du corps. »

Azhokl sembla se détendre. Naliah se relevait avec peine. Mïlamber pouvait sentir la rage bouillir en elle. Mïlamber se prépara à toute éventualité envers le nouveau venu. Celui-ci du voir ses mains préparer un sort.

« Bon, je suis juste venu voir comment se présenter les nouvelles recrues que tu amenais Azhokl. Voir un peu ceux qui allaient rejoindre la Horde venu des profondeurs. La Horde Abyssale »

Rosk


Trop bien merci encor eloso ^^

Juste corrigé les deux trois erreurs de frappe, la petite incohérence temporelle et rajouté les deux trois mots oublié.


Le seul truc dommage, c'est que ce soit un peu long, sinon on aurait carrément put le mettre sous ton dessin.


Eloso, tauren ours

non non c pas long du tt ... je veux un livre lol

Jolie petite histoire.

Greor a écrit:

Jolie petite histoire.

Ouais, au début j'avais prévu que Naliah et Fimis se fassent déchiqueter en tout petitpetitpetitpetit morceaux, mais je me suis dit qu'on allait encore dire que j'étais méchant.....


Eloso, tauren ours

Mais nan Elo, ça se remarque presque pas que t'as un problème avec mes persos.
Heureusement que Greor est pas undead, sinon il aurait certainement transformé en démon ou pire, en palouf...

Mais bon, on sait tous que c'est une réécriture et que l'original me fait la part belle.

Bah c'est juste que dans le roleplay, un druide peut pas vraiment être ami avec un mort-vivant, c'est surtout ça. Puis bon, tu monopolises quant même presque la moitié des rôles de l'histoire.


Par contre je ne voie pas ou l'orignal te fait la part belle (et non non, il n'y a pas de faute de frappe)

Eloso, tauren ours

Belle histoire!
Trop longue dis tu....hummmm...je ne pense pas .